Un formidable outil pour observer les mouvements des navires de pêche en temps réel

BIG DATA. Les ONG Global Fishing Watch, Sky truth et la National Geographic Society avec son projet Pristine seas ainsi que les universités américaines de Santa Barbara et Stanford, et canadienne de Dalhousie, avec l'appui de Google, ont mis en commun leurs compétences pour agréger les milliards de données fournies par la surveillance satellitaire des bateaux de pêche. Un travail qui ne pouvait être réalisé plus tôt. “Il y a quelques années à peine, nous n'avions ni la puissance informatique, ni un nombre suffisant de satellites en orbite, ni les techniques pour exécuter un apprentissage automatique de cette envergure sur des ensembles de données volumineux, explique dans un communiqué Brian Sullivan, coauteur de l'étude pour Google Earth Outreach. Tous trois sont désormais à notre disposition, et cela nous a permis d'améliorer de façon spectaculaire notre capacité à suivre et à comprendre les interactions humaines avec notre environnement naturel.”
Cela fait en effet vingt ans que le système de surveillance des bateaux existe à l'échelle mondiale, au moins pour les bateaux industriels de plus de 36 mètres (en Europe la jauge est de 12 mètres depuis 2012). Ce suivi est destiné à lutter contre la pêche illégale non déclarée et non réglementée qui représente près de 25 milliards de dollars par an. Mais la puissance de calcul manquante empêchait d'avoir une vue globale de cette activité. Les résultats que vient de publier Science dessinent un secteur qui est loin d'être efficace et durable.

Un effort de pêche croissant pour des prises en stagnation

GESTION. L'exploitation de 22 milliards de données enregistrées entre 2012 et 2016 donnent un bilan de 70 000 navires de pêche répertoriés sillonnant 55 % de la surface des mers. Cela représente une surface quatre fois supérieure à l'agriculture, comparaison qui mérite cependant d'être pondérée : l'activité de pêche exploite une ressource sauvage au contraire de l'agriculture. L'effort énergétique donne le tournis. En 2016, 37 millions d'heures de pêche ont été observées et les navires ont parcouru plus de 460 millions de kilomètres “soit 600 fois la distance aller-retour de la Terre à la Lune”, notent les chercheurs. L'énergie consommée représente 20 milliards de kWh par an. Pourtant, les prises stagnent depuis vingt ans autour de 90 millions de tonnes annuelles de poissons. L'ensemble des données est disponible sur cette interface graphique.

 
L'empreinte écologique mondiale de la pêche industrielle. © Global fishing watch
 
Avec une telle précision, les chercheurs peuvent connaître les jours de congés des pêcheurs à travers le monde ! Mais ils peuvent aussi voir s'il y a adéquation entre l'effort de pêche et les cycles biologiques naturels comme les périodes de reproduction des poissons ou leurs migrations. La rentabilité prime au détriment d'une gestion durable et raisonnable de la ressource, notent les auteurs de l'étude, même si le suivi satellite révèle les zones où la pêche est gérée convenablement. C'est le principal enseignement de l'étude et son utilité essentielle. Les gestionnaires mondiaux ont désormais un outil pour mieux encadrer l'exploitation de la ressource marine. “Je pense que la plupart des gens seront surpris d'apprendre que, pour de vastes étendues océaniques, nous ne savions pas vraiment jusqu'ici où se déroulaient les activités de pêche, explique dans le communiqué de Global Fishing Watch Chris Costello, coauteur de l'étude et économiste à l'université de Santa Barbara (Californie). Ce nouvel ensemble de données en temps réel sera déterminant dans la mise en place d'une meilleure gestion des océans mondiaux.”


Source:www.sciencesetavenir.fr

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